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Self made : fiction ou réalité

SELF MADE ou la success story d’une brillante afro-américaine dans les années 1800, est une mini-série de quatre épisodes. Chaque épisode dure en moyenne quarante-cinq minutes. Elle retrace l’histoire de Madame C.J WALKER, de son vrai nom Sarah Breedlove, née en 1867 et décédée en 1919 d’une hypertension artérielle. C’est la talentueuse Octavia Spencer qui interprète ici le personnage de cette dernière.

Madame C.J Walker est une entrepreneure qui bâtit un empire capillaire à une époque où, non seulement les femmes n’avaient pas tous les droits, mais surtout où la ségrégation et le racisme étaient encore flagrants. L’histoire relate que Sarah Breedlove, longtemps blanchisseuse, avait des difficultés à coiffer ses cheveux crépus. Cela créa un manque de confiance en elle. Elle commença à travailler en tant que commerciale pour Annie Malone (fabricante de crèmes capillaires). Elle créera plus tard sa propre entreprise et connaîtra un franc succès. Il est indéniable que cette histoire reste inspirante pour tout jeune entrepreneur. Elle enseigne, une fois de plus, que les clés du succès sont le travail, la persévérance et l’audace. Toutefois, lorsqu’on connaît la véritable histoire de Madame C.J WALKER, on se rend vite compte que ce film détourne un peu la réalité et ne la met pas totalement en valeur.

Les thématiques abordées paraissent intéressantes lors de la lecture du synopsis de Self made. Une femme noire blanchisseuse éprouvant des difficultés avec ses cheveux crépus, devient commerciale pour une autre femme noire, avant de créer ensuite sa propre marque… Vu sous cet angle, nous avons là une belle histoire. Cependant, l’on peut constater que dans la réalisation du film, la production a voulu mettre à l’ordre du jour d’autres problématiques rencontrées par les femmes noires, et qui sont étrangères à la véritable histoire. Notamment le « light-skin privilege », l’afro-féminisme, l’homosexualité et le sexisme. Ce qui dénature la véritable histoire de Sarah Breedlove.

Le light-skin privilege ou colorisme :

Cette opposition entre d’Annie MALONE (Addie) et Sarah au travers de leur couleur de peau est ajoutée par la production dans Self made. Ceci pour mettre en exergue les standards de beauté imposés par la société coloniale. Selon nous, cette thématique n’a pas sa place dans le film car elle fausse l’histoire originale. Elle donne aussi l’impression que deux femmes noires ne peuvent réussir en se tenant la main à cause de ce colorisme. Par ailleurs, le personnage d’Addie, femme noire au teint plus clair, est malheureusement joué de telle sorte que l’on peut croire qu’elle doit sa réussite à sa beauté. Chose qui n’est pas avérée. D’ailleurs, Annie MALONE est aussi l’une des premières femmes noires devenue millionaire aux Etats-Unis.

Le sexisme et l’afro-féminisme :

Une fois de plus les producteurs ont voulu réadapter l’histoire de Sarah, particulièrement sa relation avec son mari. Dans la série, Sarah privilégie sa carrière au détriment et au mépris de son mari C.J Walker. Or, dans la réalité, elle prêtait davantage attention à l’opinion de son mari. Ce dernier était son partenaire commercial et son conseiller pour la publicité et la promotion de ses produits.

Plusieurs maux minant la communauté noire ont été abordés au sein de cette oeuvre audiovisuelle. Toutefois, ils ne sont malheureusement pas dans le contexte de l’histoire de cette femme brillante. Son histoire en elle-même aurait fait un très beau film, sans besoin de l’actualiser avec les nouvelles normes des productions cinématographiques de notre siècle. Pour résumer, le fond y est, mais la forme est déguisée par le prisme de la société de 2020.

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