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Ma mère et moi pouvions passer plusieurs mois sans se parler.

Le MAG : Bonjour Danielle, vous êtes avec nous pour nous parler de la restauration de votre relation avec votre mère après avoir surpassé ce sentiment qu’est le rejet. Mais avant ça, pouvez-vous nous en dire plus sur vous?

Danielle : Je suis Danielle. Je travaille au ministère de l’intérieur et ça va faire plus de 20 ans que j’ai donné ma vie à Jésus.

Le MAG : wouaw 20 ans! Y a t-il eu un évènement particlier qui vous a poussé à faire ce pas?

Danielle : Oui. Je n’avais pas mes parents avec moi. Du moins, mon père était là sans être là et ma mère vivait en France.

Il n’avait jamais abordé les raisons pour lesquelles je vivais chez mes grands-parents.

LE MAG : Et comment avez-vous vécu l’absence de vos parents? particulièrement de votre maman?

Danielle : difficilement. Ma mère m’a laissée à l’âge de deux ans mais contre son gré; ce n’était pas de sa volonté. Son frère l’a emmenée en France afin qu’elle s’en sorte mieux dans sa vie. Je suis donc restée dans ma famille paternelle, avec mes grands-parents. Mais à cette époque d’enfant, je ne savais pas qui était réellement ma mère car on ne m’avait jamais parlé d’elle. C’est à mes 10 ans que j’ai été informée par mon père que ma mère vivait en France et qu’elle s’apprêtait à séjourner en côte d’ivoire; mais, il n’avait jamais abordé les raisons pour lesquelles je vivais chez mes grands-parents.

LE MAG : A quel âge vous a t-on donc expliqué ces raisons?

Danielle : A 15 ans, lorsque j’ai retrouvé ma mère en France. Mais la première fois que j’ai rencontré ma mère c’était à mes 10 ans lorsqu’elle est venu à Abidjan. Je me suis greffée à elle. Dès ce moment, elle m’appelait davantage. Je ne savais pas que c’était elle qui avait assumé mes inscriptions scolaires en maternelle. A mes 12 ans, elle est revenue et a demandé à mon père de faire les formalités pour que je puisse la rejoindre en France.

LE MAG: Alors, nous supposons que vous avez effectué toutes les démarches administratives et que vous êtes finalement arrivé en France, puisque notre interview a lieu à Paris. Comment avez vous vécu vos retrouvailles avec votre maman avec qui vous n’aviez pas grandi, loin de vos habitudes, de votre environnement?

Je n’avais pas reçu cet amour maternel.

Danielle : Encore plus difficile. Quand je suis arrivée en France, la première réaction que j’ai eue était de vouloir retourner en côte d’ivoire. La relation avec ma maman n’était pas facile du fait que je n’avais pas grandi avec elle et que Je n’avais pas reçu cet amour maternel. Par ailleurs, j’ai rencontré mes frères qui étaient attachés à ma mère, alors que ce n’était pas mon cas. La grosse difficulté à ce moment là était comment est ce que je devais appeler ma mère? dire maman a été très difficile pour moi. M’approcher d’elle également. Et comme je ne faisais pas le pas d’aller vers elle, elle non plus ne le faisait pas.

LE MAG: Et comment avez-vous (Danielle) vécu le fait qu’il n’y avait aucune approche de votre mère?

Danielle : Dans mon esprit je comparais beaucoup la relation qu’elle vivait avec mes frères avec celle que je n’avais pas avec elle. Je me disais qu’elle aimait plus mes frères que moi en omettant tout ce qu’elle avait déjà fait pour moi. Or je pense que si elle ne m’aimait pas, elle ne m’aurait pas fait venir en France. J’avais des cousines avec qui j’étais très souvent et je me réfugiais dans ces relations-là. Car ma mère et moi pouvions passer plusieurs semaines ou mois sans se parler. C’était froid. J’en souffrais et elle aussi de son côté. Mais personne n’allait vers l’autre. Et un jour, le Saint-Esprit me dit d’aller la voir. C’est à cet instant que je suis allée vers pour discuter.

Cherchez à connaitre Dieu, à recevoir son amour.

LE MAG : Vous avez parlé de croire que votre maman ne vous aimait pas ou vous aimait moins que vos frères. Y  a t-il eu des actes qui vous ont laissé penser cela?

Danielle : Ma mère ne s’intéressait pas à moi avec profondeur. La communication était superficielle. Etant l’ainée, j’avais la charge de mes petits-frères, ce qui ne me permettait pas d’avoir le temps pour moi et encore moins pour elle, ne serait-ce que sur ma vie en Afrique.

Ça m’a aidé à prendre en maturité spirituellement et au niveau comportemental.

LE MAG: La maman c’est un peu celle qui nous bâtit.  Nous supposons que vous avez beaucoup souffert de ce manque de proximité avec elle et que vous espereriez que ça change. Entre temps, vous avez parlé de discussion. Y a t-il eu un changement positif juste après ce moment d’échanges ? ou est ce que votre relation est restée platonique?

Nous avons vécu 14 années de relation distante bien qu’habitant dans la même maison.

Danielle : La relation avec ma mère a réellement changé il y a 2 ans. Nous avons vécu 14 années de relation distante bien qu’habitant dans la même maison, durant lesquelles je ressentais beaucoup de rejet.

LE MAG : Si la relation n’a pas changé juste après la discussion, quel a donc été ce fameux déclic qui a brisé cette glace entre vous?

Danielle: en fait, c’était l’un de mes sujets de prière et il a fallu premièrement que j’accepte certains défauts chez moi. Tout a commencé lorsque j’ai participé à une création de talk-show avec plusieurs autres frères et soeurs. Et on a abordé le thème des relations parents-enfants. Durant la séance de travail, je me suis rendue compte que dès lorsqu’on parlait des parents, j’avais une colère qui remontait en moi.

chacun estimant être dans son droit de ne pas faire le 1er pas, la relation ne pouvait pas avancer.

LE MAG : Votre colère était contre votre maman, ou contre vous-même?

Danielle : Contre ma mère. Et je me promettais de ne pas élever mes enfants comme ma mère puisque je trouvais que ma mère faisait la différence entre les enfants. Mais ce jour là, un frère m’a parlé et m’a expliqué que si je restais dans cet état, même sans le vouloir, j’élèverai mes enfants de la même manière car je manquais toujours de cet amour maternel. A mon retour à la maison, je suis allée prier et le lendemain à table, ma petite soeur a posé plusieurs questions sur l’amour dont une à ma mère : maman? aimes-tu réellement Danielle?

Et de là, nous avons eu une autre sérieuse discussion. On était dans une totale incompréhension. J’attendais de ma mère qu’elle comprenne ce que j’ai vécu et les blessures que j’ai eues dans le passé; et elle, attendait de moi que j’aille de moi-même me confier à elle. Par conséquent, chacun estimant être dans son droit de ne pas faire le 1er pas, la relation ne pouvait pas avancer.

LE MAG : Est ce que ce n’est pas un signe d’orgueil ?

Danielle : Si. De mon côté je souffrais de ma vie passée, de toutes ces blessures reçues et je ne savais pas non plus comment aller vers elle car je n’avais aucune relation de proximité. Alors je lui ai expliqué lors de cette discussion que j’avais à l’esprit cette préférence qu’elle avait pour mes frères et qui se voyait. Ma petite soeur était presque copine avec elle. Son amour me manquait. A la fin, on s’est demandé pardon mutuellement et on s’est enlacées. On a pleuré et on s’est qu’on s’aimait.

Maman aimes-tu réellement Danielle? 

LE MAG : Et à quel niveau votre foi a joué dans ce processus de réconciliation?

Danielle : Durant tous ces moments où je ne me sentais pas aimée, j’allais vers Dieu et il me comblait au fur et à mesure. Et malgré certaines crises comme cette fois où ma mère m’avait envoyé séjourner vivre chez une tante qui m’a mise à la porte, je n’ai pas du tout cesser de la respecter. Et c’est grâce à ma foi en Dieu.  Le gain qui en ressort est que ça m’a aidé à prendre en maturité spirituellement et au niveau comportemental. Je priais pour ma mère, pour qu’elle vienne à Jésus, malgré l’indifférence qu’elle pouvait manifester et le rejet que je pouvais ressentir.

Je me suis rendue compte que si je n’avais pas fait ce travail de guérison avec Dieu, j’aurai certainement recopier la même chose avec mes futurs enfants.

LE MAG : Et aujourd’hui, en janvier 2018, comment décririez-vous votre relation avec votre mère?

Danielle : Aujourd’hui, j’ai cette mère là que j’attendais depuis des années; une mère totalement transformée par Christ. Je suis beaucoup plus proche de ma mère. Elle m’a beaucoup parlé de son enfance et j’ai pu constater des similarités entre nos deux enfances. Elle non plus, n’a pas reçu l’amour de sa mère. Je me suis rendue compte que si je n’avais pas fait ce travail de guérison avec Dieu, j’aurai certainement recopier la même chose avec mes futurs enfants.

LE MAG : Merci Seigneur. Nous lui sommes reconnaissants pour cette restauration car nos parents font partie de nos autorités sur cette Terre et il est important d’être en paix avec tous, surtout avec eux. Après avoir traversé ce rejet, ce manque d’intérêt, ce manque d’amour, quel conseil pourriez-vous donner à ces personnes dans le même cas que vous?

Restez sages, respectueux, et polis envers vos mères et trouvez toujours une raison pour les apprécier.

Danielle : Je leur dirai de chercher à connaitre d’abord celui qui comble les coeurs, c’est à dire Dieu. S’il n’y avait pas eu Dieu ma colère aurait pu se transformer en haine. D’ailleurs, la haine s’est installée à un moment donné, mais plus je me rapprochais de Dieu, plus il m’aidait à continuer à aimer ma mère. Malgré qu’elle pouvait m’insulter ou me mépriser, Dieu me remplissait pour continuer à l’aimer et à lui obéir. Cherchez à connaître Dieu, à recevoir son amour; Restez sages, respectueux, et polis envers vos mères et trouvez toujours une raison pour les apprécier. Surtout, ne faites pas comme moi; allez vers vos mamans, ne restez pas dans votre coin, allez vers elles pour vous exprimer et expliquer.

LE MAG : En mot de la fin, durant ces moments, aviez-vous un verset d’accompagnement qui vous a aidé tout le long?

Danielle : Je dirai 1 corinthiens 13 et Proverbes 2.

LE MAG : Merci Danielle pour ce partage qui parlera sûrement à une personne. Que Dieu vous bénisse.

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